On m’a demandé ce qui « manquait » dans l’accompagnement de la parentalité ! J’ai ri, mais j’ai tellement ri !
A l’heure actuelle, selon moi, pas mal de choses sont à revoir dans l’accompagnement de la parentalité. Je t’en dis plus…
On fait beaucoup de choses pour la femme enceinte et son bébé in utéro…
- La femme et son bébé sont suivis pendant 9 mois minimum une fois par mois,
- La femme peut avoir accès, si elle le souhaite, a des cours de préparation à l’accouchement,
- Les parents peuvent décider du projet autour de la naissance de leur enfant.
La femme est accompagnée et soutenue (quand elle tombe sur une bonne équipe ! Parce que croyez moi ce n’est pas toujours le cas, malheureusement…) en post partum durant les 2 ou 3 jours de son séjour en maternité ou on va lui apprendre à nourrir, baigner, changer bébé et respecter ses besoins de câlins, repos, éveil…
Et ensuite …?!
STOP plus rien, le néant, fin de l’accompagnement !
Et noter bien que le deuxième parent n’est mentionné nul part …!?
Bien sûr qu’il peut accompagner la future maman mais il n’a pas une place uniquement à lui, pour lui ou il serait le centre d’attention, l’interlocuteur principal, pourtant lui aussi s’apprête à devenir parent !
Alors oui, oui, ne vous indignez pas ! On est d’accord on a le droit à un rendez-vous pédiatre à une semaine de bébé, puis tous les mois, ainsi qu’un rendez-vous obstétricien et/ou sage femme pour le contrôle à un mois post-partum et éventuellement une rééducation du périnée.
Ces rendez-vous où vous apprenez que tout va bien, bébé grandit bien, votre suite de couches est parfaite, votre périnée est de compétition ! Soyons honnête avez-vous appris quelque chose durant ces rendez-vous ?
Vous aussi, faites-vous parti de ces parents qui oublient, n’osent pas, poser de questions par manque de temps lors de la consultation où il y avait déjà 30 minutes de retard …?!
Difficultés d’allaitement …
Comment aider bébé à soulager ses coliques ?
A-t’il un reflux ?
Comment stimuler bébé selon son âge et ses capacités ?
Comment porter bébé ?
Est-ce normal qu’il dorme seulement 10 minutes par jour ?
Comment favoriser son développement ?
… et j’en passe que vous vous êtes forcément posé vous aussi !?
De nombreux métiers se développent autour de l’accompagnement de l’enfant et de ses parents, je pense notamment aux conseillères en allaitement, aux doulas, aux accompagnants en parentalité, coachs, etc….
Ils sont encore trop peu connus, pour certains, malgré l’aide précieuse qu’ils fournissent aux parents et avec une reconnaissance digne de ce nom on pourrait certainement réguler le flux de visites médicales urgentes, diminuer le nombre de parents se sentant incompris, désespérés ou seuls, désengorger les cabinets de nos sages femmes et pédiatres pour avoir plus de temps lors d’une consultation et se sentir entendu, écouté.
Il y a aussi les métiers qui existent déjà mais qui sont souvent réduits à de la simple « garde d’enfants » alors qu’eux aussi font parti de l’accompagnement à la parentalité !
Les assistant(e)s maternelles, les éducatrices de jeunes enfants, les puéricultrices, sont souvent des personnes professionnellement compétentes, à l’écoute et au clair avec le développement de l’enfant qui peuvent prodiguer de bons conseils de part leurs expériences.
A l’heure actuelle, selon moi, le suivi d’un enfant et l’accompagnement des ses parents restent médical, à double tranchant :
- Tout va bien, aurevoir,
- Il y a un problème direction prise en charge.
II n’y a pas de juste milieu, il manque cette étape de prévention, d’éducation, d’accompagnement qui n’est pas abordée, proposée.
Combien d’entre nous ont encore recours à Google, Doctissimo ou aux conseils de la voisine sans pour autant être persuadée de la « bonne » réponse ?!
Sachez que des professionnels existent pour vous accompagner au mieux dans votre rôle de parents, il suffit juste de les chercher un peu et de trouver celui qui nous correspond selon notre objectif, nos besoins, le feeling, la confiance qu’on lui portera, le soutien qu’il nous apportera.
Témoignages de professionnelles
« Pour moi les métiers de la petite enfance sont un accompagnement de l’enfant dans ses premières années de vie. Je vois ça comme une co-éducation avec les parents, dans le sens où les parents vont leurs apprendre les bases de vie et de savoir vivre en société et nous on complète cette « éducation » dans le domaine des apprentissages moteurs et intellectuels. Pour moi ce n’est pas juste l’enfant qu’on prend en charge mais bien une famille dans sa globalité. »
Johanna – Auxiliaire de puériculture avec expérience en crèche et à domicile. En réponse aux questions comment décrirais-tu ton métier ? Comment penses-tu accompagner les parents dans leur rôle ?
« Le métier d’Atsem a pour mission première de veiller au bien-être de l’enfant, son hygiène pour l’aider à grandir.
Je suis très attachée à ces valeurs, le bien-être signifie pour moi accompagner l’enfant dans la bienveillance à son rythme d’évolution. Je suis là pour l’aider au quotidien comme pour l’habillage et la propreté.
Il y a un lien important qui se crée entre l’Atsem et l’enfant ainsi il sera en confiance et en sécurité pour aborder les apprentissages de la vie et scolaires. Petit à petit il deviendra autonome.
J’encourage toujours l’enfant quelque soit le résultat final. Je suis très attentive et à l’écoute du groupe de la classe et surtout individuellement car chaque enfant a des besoins spécifiques. Certains auront du mal la première année, par exemple avec le passage aux toilettes de la classe entière, dans ce cas là, j’emmènerai l’enfant seul pour ne pas le bloquer avec cette étape. Au contraire, certains auront besoin d’être rassurés en permanence lors d’un apprentissage, alors il faut le mettre en confiance et aborder les choses avec douceur pour ne pas le braquer.
Je pense que c’est un métier qui se fait beaucoup au feeling, par ressenti.
En général l’enseignante de l’enfant est la principale interlocutrice, en tant qu’Atsem nous avons un devoir de réserve en ce qui concerne les apprentissages scolaires, nous pouvons aborder le sujet avec les parents qui en parleront avec la maîtresse, lors d’un rendez-vous. Sur les temps périscolaires (matin, midi et soir) c’est nous, Atsem qui avons la responsabilité des enfants, dans ces cas-là nous pouvons échanger du comportement de l’enfant directement avec les parents. Il est évident que les parents se préoccupent de la journée de leur enfant. Il m’arrive de répondre à leurs questions sur les siestes, je réponds toujours sous couvert de l’enseignante. En général, je fais un retour dès le lever de la sieste si il y a eu des situations particulières, un enfant qui pleure, angoisse ou qui a fait le coquin, qui a embêté les autres. Le soir, l’enseignante informe les parents et je suis présente pour des précisions.
Sur le temps d’accueil les parents nous parlent souvent de leur enfant, comment ils se sentent, s’ils ont eu des émotions, évènements particuliers dans le week-end, cela m’aide à me positionner et à comprendre davantage les besoins de l’enfant.
Nous travaillons en binôme avec l’enseignante la communication est très fluide cela permet un accueil de qualité. »
Sandra – Atsem de maternelle. En réponse aux questions comment décrirais-tu ton métier ? Comment penses-tu accompagner les parents dans leur rôle ?
« En tant qu’assistante maternelle, je dois pour l’enfant :
- identifier ses besoins et y répondre
- respecter son rythme et son évolution
- veiller à son confort, à sa sécurité physique et psychique
- accompagner son éveil, son épanouissement, sa socialisation et son autonomie.
Du côté des parents, je dois :
– respecter leurs attentes : pour cela je travaille en collaboration avec eux en privilégiant le dialogue, d’où l’importance d’avoir un bon échange durant les transmissions lorsque le parents amène ou récupère leur enfant
– les soutenir et les conseiller dans leur rôle éducatif.
Il est également très important qu’un climat de confiance et un bon « feeling » passe tout de suite durant le premier entretien. A mon niveau, je fonctionne comme ceci.
De plus, la même vision de l’éducation est plus qu’importante entre assistante maternelle et parents.
Je n’accepterai jamais la garde d’un enfant si je me sens trop « opposé » au mode de vie de la famille. C’est également réciproque du côté des familles.
Dès lors que les parents ont la même vision, l’accompagnement de l’enfant se fait sans souci. Nous échangeons de temps en temps sur des aspects comme le sommeil, l’acquisition prochaine de la propreté, etc…
En général, les parents commencent toujours chez eux en amont une étape (comme le passage à la diversification alimentaire) et en tant qu’assistante maternelle, je prends le relai. Selon moi, il est important que les premières fois se fassent chez eux.
Comme le passage à la propreté, le parent doit commencer un week-end ou pendant les vacances et je continue le travail à la maison. Pour la propreté, je me permets toujours de leur signaler si cela est trop tôt ou s’ils peuvent commencer l’acquisition, même si le parent ne demande pas forcément conseil sur le sujet.
Certaines fois, nous sommes « complémentaires » dans l’évolution de l’enfant. Une des familles aime beaucoup cuisiner avec leur fille. De mon côté pas du tout, mais je fais beaucoup d’activités manuelles. La maman n’aime pas vraiment, du coup, à nous deux, la petite s’éclate dans les 2 domaines.
Les parents savent qu’ils peuvent demander conseil à tout moment et n’hésitent pas s’ils en ressentent le besoin. »
Noémie – Assistante maternelle. En réponse aux questions comment décrirais-tu ton métier ? Comment penses-tu accompagner les parents dans leur rôle ?
« Les rôles d’une sage-femme dans l’accompagnement de parents en devenir sont multiples mais ne peuvent être mis au service des parents s’il n’existe pas de relation de confiance.
La méfiance voire la défiance apparues ces dernières années envers le corps médical tend à compliquer cette relation.
Si la confiance existe, alors la sage-femme a un rôle essentiel d’information, d’écoute et d’accompagnement à la parentalité à différents moments de ce processus long et compliqué.
Elle a cet immense privilège de partager l’intimité de la naissance d’un enfant et donc de ses parents.
Ces naissances sont bien évidement uniques et influencées par tant de facteurs : médicaux, psychologiques, personnels, familiaux, culturels…
Les parents sont tous différents mais à l’ère des réseaux sociaux à outrance ils sont parfois mal informés ou trop informés et la naissance en devient intellectualisée au lieu d’être instinctive ; instagrammable au lieu d’être vécue.
Les parents 2023 sont très préparés à l’accouchement avec des projets de naissance de plus en plus réfléchis et complets – on voudrait tout choisir, prévoir et maîtriser dans une naissance – mais ils sont bien moins préparés à devenir parents, accueillir un enfant, s’adapter à son rythme et à ses besoins. Ils manquent de confiance en eux et en leurs instincts et capacités innés. Ils manquent parfois de partages d’expérience car ils sont nombreux à être isolés d’où ce grand besoin de soutien et d’accompagnement par des professionnels de la périnatalité. »
Virginie – Sage-femme. En réponse aux questions comment décrirais-tu ton métier ? Comment penses-tu accompagner les parents dans leur rôle ?
Chacun a donc sa représentation et sa vision de la parentalité en proposant différentes façons d’accompagnement.
Solliciter de l’aide ne devrait pas être vécu comme un manque de connaissance, l’enfant ne nait pas avec son mode d’emploi, et ce que nous voyons autour de nous ne colle pas forcément à la réalité et nous fait donc perdre nos capacités en tant que parent via une fausse réalité.
Choisir une personne de confiance pour nous aider dans nos questions, soucis et besoins est donc essentiel, il ne faut pas hésiter à trouver LA personne qui saura nous comprendre et nous aider.
Merci de ces témoignages !
A vous de jouer !
Sandy Duclos