Beaucoup de parents pensent que le trotteur aide bébé à marcher plus vite, plus tôt. C’est faux !
Le youpala, toute une histoire … de recommandations et de lois !
Depuis les années 1960, de nombreuses études ont prouvées que le youpala est néfaste pour le développement moteur de bébé et en plus dangereux car il est source de nombreux accidents.
Avec 40% de traumatismes crâniens chez les enfants de moins de 12 mois, l’accès facilité aux objets et endroits dangereux et les retards moteurs qu’il provoque, l’interdiction d’utilisation dans les crèches et chez les assistantes maternelles, il est encore très vendu en France par les plus grandes marques de puériculture.
De nombreux parents continuent donc de le proposer à leur enfant par manque d’informations !
Depuis 2004, il est interdit par le Ministère de la Santé au Canada pour les raisons citées plus haut.
Toutefois, dans le but de préserver la sécurité de l’enfant, il est fortement déconseillé par l’Alliance européenne qui milite depuis des années pour son retrait à la vente.
Pour que l’on soit bien claire…
Il s’agit bien du jouet assez large, mais pliable lors du rangement pour le côté pratique, doté de roulettes avec une structure rigide dans laquelle l’enfant peut, debout ou assis dans un harnais, avancer tout seul en poussant sur ses jambes. Bébé peut ainsi explorer librement l’environnement qui l’entoure.
Utilisé entre 6 mois et 2 ans, il a récemment évolué pour être plus ludique et il peut proposer une tablette composée de jeux musicaux, électroniques, lumineux, etc…
Le trotteur a été inventé et conseillé dans le but de faire marcher bébé de façon autonome, grâce à un équipement conçu pour sa protection. Il était vendu pour renforcer les jambes des petits, les guider dans l’apprentissage de la marche et leur apporter de l’autonomie.
Youpala et apprentissage de la marche …
C’est complètement prouvé depuis des années : le trotteur est incompatible avec un bon développement psychomoteur.
Des études montrent même que les enfants mis trop tôt dans un youpala retardent leur développement de 3 à 6 semaines et présentent un fort risque de développer une démarche atypique.
Avant d’apprendre la marche, bébé doit passer par des étapes toutes plus nécessaires les unes que les autres.
https://mesmouvements.fr/index.php/le-developpement-moteur/
- La compréhension et musculation de toutes les parties de son corps pour une meilleure indépendance
- La coordination des bras, des jambes et du tronc afin de s’équilibrer
- La bonne posture debout sur ses deux jambes et l’intégration du centre de gravité
- Le réflexe de parachute afin de se protéger en cas de chute
- L’adaptation du développement en faveur de la sécurité
- La bonne vitesse de déplacement selon ses capacités.
Installé dans le youpala, bébé ne voit pas ses jambes ni ses pieds, ce qui est dommageable pour la perception du corps et l’indépendance haut bas de son corps mais il ne peut pas non plus voir ce qui se trouve sur le sol, faire le lien de cause à effet entre un objet et un contournement pour éviter le déséquilibre.
Il gardera ce même schéma lorsqu’il aura acquis la marche et sera donc plus en proie aux chutes.
Lorsque ses pieds ne touchent même pas le sol et que son dos n’est pas suffisamment musclé, fournir un tel maintien est éprouvant pour le bébé.
Dans le trotteur bébé n’utilise pas ses bras, ses épaules, bases de protection des chutes, de changement de direction en positon debout ou encore l’appui au sol.
Il n’utilise que ses jambes et ses pieds pour avancer, sans alternance, en ne transférant pas son poids d’un pied à l’autre. Il envoi donc au cerveau un mauvais signal de fonctionnement. Reposant sur 4 roulettes, il est inutile pour bébé de chercher son équilibre par lui-même puisqu’il est debout sans effort de maintien.
L’enfant peut avancer en position assise, jambes fléchies, buste basculé en avant contact du sol avec la pointe des pieds.
Outre le fait que son cerveau risque d’associer le fait d’avancer avec cette posture particulière, cela provoquera des déformations au niveau des pieds qui seront ensuite incapables de donner l’équilibre nécessaire au corps.
De plus, je vous mets au défi de marcher ainsi !
Avant de se mettre debout l’enfant doit bien respecter les étapes de déplacements au sol afin d’éviter des déformations de pieds, jambes, hanches, faiblesses et retards.
Bébé étant protégé sans cesse par l’arceau autour de lui, il n’aura aucun intérêt à développer son réflexe de parachute qui consiste à mettre les mains en avant afin de se protéger lors d’une chute, et tombera, prenant ainsi le risque de faire un traumatisme crânien grave.
C’est l’envie de découvrir qui poussera bébé à apprendre à se mettre debout et marcher de son plein gré. Il sera très certainement confronté à de nombreuses chutes, ce qui est normalement anodin car bébé apprend de ses erreurs et à son âge la chute de sa hauteur est généralement impressionnante mais peu dangereuse.
Dans le youpala, les accidents sont potentiellement beaucoup plus graves car souvent liées aux chutes dans les escaliers, causant des traumatismes crâniens, mais aussi des intoxications, brûlures, étouffement car bébé peut aller partout, tout le temps, rapidement sans être prêt physiquement et psychologiquement à faire face au monde qui l’entoure.
Dans le trotteur les déplacements et les changements de direction sont extrêmement rapides car facilités par les roulettes. Ils donnent donc une mauvaise perception du lien entre la vitesse de déplacement et l’effort fourni, mais aussi sur les notions de distance et d’espace, pouvant perturber ou énerver bébé lorsqu’il marchera sans le jouet.
Sans parler des chocs contre les murs et meubles faussant les limites du corps et pouvant avoir de graves conséquences sur la boîte crânienne.
C’est une illusion d’autonomie puisque bébé ne peut ramasser son objet tombé au sol, ni se sortir de l’objet.
Bloqué dans cette position, dans cet appareil dont il ne peut se sortir seul, l’enfant ne peut développer sa motricité comme la nature l’a prévue pour lui, dont les apprentissages nécessaires au développement de la marche, du langage, de l’équilibre et même de l’écriture, comme tout est lié !
Le jeu est assez restreint puisqu’il propose seulement des allers et venues.
On peut aussi retrouver le fameux basculement en arrière d’un bébé qui ne sait pas comment sortir de ce jouet. Les chutes du trotteur peuvent être plus conséquentes mais une reproduction de cette situation en dehors du trotteur est à craindre, suite à l’excès de tonicité dans les jambes et les tensions du dos qu’il provoque.
Alors que faire ?
Je ne donnerai aucun conseil pour une utilisation sûre du youpala que je rejette profondément, malgré son utilisation pour les prunelles de mes yeux par pur manque de connaissance, comme certainement beaucoup d’autres parents dans ce cas.
En général, tous les jeux d’aide à la position debout sont à bannir pour plusieurs raisons :
- Les enfants sont mis dedans beaucoup trop tôt,
Pour rappel un enfant qui ne se met pas dans une position tout seul n’est pas fainéant, peu motivé, il n’est simplement pas prêt !
- Ils ne permettent pas de choisir les jouets,
- Ils retardent l’acquisition de l’équilibre sur deux pieds,
- Ils n’apportent aucune aide au développement moteur, et le remette même en jeu,
- Ils ont tendance à faire pousser les enfants sur leurs jambes plutôt qu’avec leurs bras,
- Ils favorisent les déformations des pieds.
Pas de youpala … mais alors quoi d’autre ?
Ne pas utiliser de trotteur ne veut pas dire ne pas aider, stimuler bébé à la marche.
Bien qu’il sache très bien faire tout seul, vous pouvez lui proposer le développement de la position verticale grâce à différents jouets.
Bon compromis en termes de matériel de puériculture, le chariot de marche favorisera l’autonomie de bébé afin qu’il prenne confiance en vue de se lâcher complètement.
De préférence stable, de poids idéal pour le manier facilement, des pneus en caoutchouc résistants pour l’extérieur, le plus simple possible pour pouvoir transporter les jouets qu’il adore.
On retrouve aussi le porteur.
C’est l’objet sur lequel bébé est assis et doit avancer en poussant sur ses pieds.
Il peut s’adapter durant toute l’enfance de bébé et utilisé dès que la marche à 4 pattes est acquise. A cette étape cela favorisera l’étape de se mettre à genoux avec appui, l’équilibre, se mettre debout tout seul.
Plus grand, il pourra le pousser pour être autonome dans la marche.
Ensuite, il sera capable de l’enjamber pour se mettre dessus et s’enlever tout seul pour enfin finir par comprendre comment avancer.
En plus d’être économique car rentable dans la durée et les étapes de son utilisation, cet objet est très bénéfique car il prépare l’enfant à la draisienne et au vélo qui demandent également coordination entre le haut et le bas du corps, l’entraine à se diriger et peut faire patienter bébé avec un déplacement nouveau en attendant l’acquisition de la marche !
Pour l’utiliser à différents stades préférer le porteur avec dossier pour éviter de basculer en arrière lors de la propulsion, avec une assise stable et basse pour que les pieds de bébé touchent le sol.
Il va de soi que, pour n’importe quel jouet, objet de puériculture, il faut :
- Respecter l’âge préconisé et/ou les capacités de l’enfant
- Vérifier que le jouet est homologué selon les normes européennes
- Adapter le jouet selon les conseils et l’âge s’il est évolutif
- Ne rien laisser trainer au sol
- Sécuriser l’accès aux pièces dangereuses (cuisine, salle de bain, toilettes, escaliers…)
- Ne pas laisser bébé seul ou sans surveillance
Afin d’encourager bébé à la marche il est préférable de s’assurer que les étapes précédentes sont bien acquises et certains exercices ludiques peuvent lui être proposés.
A vous de jouer !
Sandy Duclos